mardi 9 septembre 2008

Vu #1 : Martyr

Note préliminaire : ce billet est le premier d'une série que j'espère longue, qui traitera sous la forme de petites chroniques de tout - rassurez vous, le "tout" est juste pour la forme ^^ - ce que je lis comme livre, vois comme film ou écoute comme musique. Ces billets seront intitulés sobrement "Lu", "Vu" ou "Entendu". Oui j'ai une imagination débordante je sais... Mais que voulez vous, il faut parfois savoir rester simple pour que cela soit bien compréhensible.

Ceci étant dit, je vais commencer en vous parlant du film Martyr de Pascal Laugier actuellement en salle. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas le film le plus facile pour mon baptême en tant que "chroniqueur".
Ce n'est pas le plus facile parce qu'en réalité, j'avais placé beaucoup d'espoir dans ce film. Je n'apprendrais à personne qu'avant le début des films dans les cinémas, il y a des bandes annonces (BA) vantant les films qui sortiront dans les prochains temps. Et, cela doit faire 1 mois, au cours d'une sortie ciné entre potes, nous avons vu la bande annonce de Martyr. Je n'ai pas vraiment l'habitude de me laissé attraper facilement par les bandes annonces, mais je dois avouer qu'à la vue de celle de Martyr je me laissais emporter par un certain enthousiasme car ce soir là, c'est la seule BA qui sortait vraiment du lot. On décida donc qu'on irait voir Martyr dès sa sortie le 3 septembre. Mais pour des raisons de transport, d'emploi du temps et de rentrée, nous ne sommes allé le voir que hier après-midi.
Comme je l'ai déjà dit plus haut, je plaçais en ce film de grands espoirs. Les deux BA m'avaient vraiment laissé sur le cul. Comme souvent, avant d'aller voir des films au cinéma, je n'étais pas au courant de l'intrigue; cela permet d'arriver devant l'écran avec un regard totalement neuf et objectif. Cela permet aussi de se fabriquer une histoire dans sa tête en se basant sur les quelques images et l'atmosphère que laissaient entre apercevoir les BA. Je m'étais donc mis Martel en tête en imaginant un scénario bien flippant, qui allait nous scotcher à notre fauteuil rouge pendant 1h40.
Je m'attendais à un film d'horreur bien glauque - surtout après avoir su qu'il avait d'abord été frappé d'une interdiction pour les moins de 18ans avant qu'elle ne soit commuée en une interdiction aux moins de 16ans - mais il faut savoir que ce n'est pas vraiment un film d'horreur. Il s'agit plutôt d'un film d'auteur sur la vengeance et la capacité de l'être humain à souffrir. A cet égard, ce film pourrait se classer dans la même veine que la Trilogie du réalisateur coréen Park Chan-Wook (Sympathy for Mr. Vengeance , Old Boy et Lady Vengeance ) qui elle aussi traite de la vengeance. De plus, outre la similitude sur le thème, tous ces films ont deux points communs supplémentaires, comme la même recherche de l'esthétisme avant tout, la même violence poussée jusqu'aux limites du supportable. Mais Martyr, contrairement aux films de Park Chan-Wook, pousse la violence et la cruauté très très (trop) loin; à tel point, que plusieurs fois pendant le film je me suis demandé l'intérêt de certaines scènes de violence et de brutalité qui paraissaient totalement gratuites. Bref, à plusieurs reprises on a l'impression que le film choque, mais avec comme seule volonté : choquer le spectateur - et non de servir le scénario - même si le réalisateur s'en défend : "choquer ne m'intéresse pas en soi mais il fallait vraiment qu'on ait une sensation physique, organique, de la douleur infligée, sinon on aurait perdu toute idée de gravité de cette violence, ça l'aurait rendu "gadget " et faisait du film un objet passablement douteux. (...) Je voulais que chaque coup soit douloureux, non par quelque discours moral sur la représentation de cette violence, mais parce que c'est le sujet même du film : au bout, tout au bout de la violence, est-ce qu'il y a quelque chose ? Je crois qu'au fond, c'est le genre de questions que posent tous les films d'horreur que j'aime ; en quoi et pourquoi la condition humaine est-elle aussi atroce ?". Sur le papier ça pourrait encore le faire. Mais pas avec le "scénario" sortit d'on ne sait où qui tente vainement de justifier - l'injustifiable, mais il n'est pas urbessois donc... ça marche tout de suite moins bien - cette ultra violence.
Je me rends compte, qu'à ce stade, je ne vous ai pas encore parlé réellement de l'intrigue. En gros, et sans dévoiler tout les détails, le film est divisé en deux parties distinctes. La première nous rapporte l'enfance d'une jeune fille (Lucie) qui a été enlevée et torturée. Elle parvient à s'échapper, est placée dans un hôpital où elle fera la connaissance d'Anna (une fillette de son âge) et 15 ans plus tard, elle retrouve ceux qu'elle croit être ses tortionnaires et les tuent. Anna vient l'aider à tous nettoyer quand arrive des gens d'une mystérieuse organisation dirigée par une vieille femme. L'arrivée de cette mamie marque un tournant dans le film. A partir de ce moment là, et après un long speech qui esquisse les raisons (par ailleurs relativement absurdes) de toute cette cruauté, c'est au tour d'Anna de subir le même traitement que Lucie avait connu 15 ans plus tôt. Je ne vais pas vous dévoilez la fin, mais je dirais juste que le délire mystico-religieux tombe vraiment du ciel. Heureusement que c'est filmé à la manière d'un rêve Lynchéen; ça fait un peu passer la pilule.
Le traitement filmique, parlons en justement. Toute la première partie est filmée de manière assez conventionnelle mais avec quand même toujours ce souci esthétique (cf par exemple à la scène où Lucie tire au fusil de chasse dans le matelas de la chambre et que l'écran se remplit de plume). Classique donc, mais efficace niveau angoisse ( surtout quand les héroïnes sont encore gamines). Parce qu'après ça se gâte un peu. Le rythme devient très lent, et on s'ennuie ferme. Et ce n'est pas les quelques scènes gores semées de ci de là, qui parviennent à réellement nous sortir de notre léthargie. Surtout que la deuxième partie renforce vraiment cette impression d'ennui. Dans cette partie, on assiste à la longue descente aux enfers d'Anna. - je ne sais pas pourquoi mais cela m'a fait penser à Guentanamo, je pense que la désagrégation mentale et physique des détenus ne doit pas être bien éloigné de ce que vit l'héroïne. Chaque séquence dur environ 1 ou 2 minutes et est entrecoupé par un fondu au noir. Jusque là, à la limite pas de problème, un pareil découpage permet d'insérer des ellipses aisément. Seulement, là où ça devient un peu dérangeant c'est quand ce découpage incessant dure au moins 20 bonnes minutes. Je vous assure que même avec toute la meilleure volonté du monde, un moment, vous décrochez.
Je crois que je vais m'arrêter là pour ce film - je pense avoir fait le tour de ce que j'avais à vous en dire.
Donc, pour résumer, Martyr est un film très violent, qui n'est pas à conseiller aux âmes sensibles. Sont propos est à mon goût un peu trop simpliste - il y avait vraiment de bonnes bases je trouve, vraiment moyen de faire quelque chose de clair net sans bavure, et malheureusement Laugier s'est un peu perdu en route. Les gens qui iront le voir en pensant voir un bon film d'horreur (comme moi) seront déçu (comme moi), mais si vous n'allez pas le voir dans cette optique, si vous avez pleinement conscience de sa violence et si vous avez un coté psychopathe refoulé en vous, je pense qu'il peut vous plaire.

Note d'Urbi :



PS: Pour ceux qui veulent un résumé vraiment complet du film, je vous en ai mis un dans les commentaires (pour éviter les spoilers à ceux qui voudront le voir malgré tout).

2 commentaires:

Toujours être là où on ne vous attend pas a dit…

Voici le résumé:

En France, une société secrète composée de personnes âgées enlèvent, séquestrent et torturent des jeunes filles (et sans doute de jeunes garçons) pendant une longue période au sein d'une sorte de laboratoire souterrain. Ils leur font
subir un calvaire prolongé dans le but de savoir ce qu'il advient après la mort.
La première partie du film, décrit la vengeance d'une des victimes de manière particulièrement sanglante.
Sa complice (la seconde fille), une fois que la première fille se soit suicidée (après avoir canardé l'ensemble de la famille tortionnaire) découvre un passage secret menant à la salle à manger de la maison dudit couple où ils vivaient avec leurs enfants comme une famille "normale". Le passage l'emmène dans une cave où elle se fait surprendre par une assemblée de personnes vêtues due noir qui l'emprisonnent. Une vieille femme mince arrive et explique à la jeune femme qu'elle va être l'objet d'une expérience nommée "calvaire". Point important : les supplices ne s'adressent pas uniquement aux gens d'une certaine obédience mais à tout le monde. La raison ? Comme il a été déjà dit précédemment, ils veulent savoir ce qu'il advient après la mort !
Enchaînée et battue régulièrement dans sa cellule, ils abordent "la phase finale" consistant à l'écorcher vive. Elle finit dans une baignoire totalement écorchée excepté son visage et murmure le secret de la vie après la mort à une vieille femme. La femme invite tous les autres membres vers la maison pour qu'ils soient témoin de cette révélation puis se tire une balle dans la salle de bain... Inutile de vous dire que l'on entendra jamais ce qu'a dit la jeune fille...

Anonyme a dit…

Jolie critique... dommage qu'elle soit parsemée de critique non objective.
PS : je ne suis pas un psychopate en puissance n'ayant pas été dessus je tenais à le préciser